La loi Duplomb atteint 2 millions de signatures : quelles perspectives pour la mobilisation citoyenne ?

7 minutes
Le lundi 28 juillet 2025, la pétition lancée contre la loi Duplomb a franchi un seuil historique : deux millions de signatures ont été recueillies sur le site officiel de l’Assemblée nationale.
© Synon Jardin - La loi Duplomb atteint 2 millions de signatures : quelles perspectives pour la mobilisation citoyenne ?

Derrière ce chiffre remarquable se profile une mobilisation citoyenne rare dans l’actualité législative française. La mesure centrale du texte, prévoyant notamment la réintroduction encadrée d’un pesticide interdit depuis 2018 – l’acétamipride – suscite débats et interrogations. Ce cap symbolique soulève désormais de multiples questions concernant la suite politique et démocratique réservée à cette initiative populaire.

Retour sur la pétition et ses origines

Lancée par une étudiante début juillet 2025, la pétition s’est rapidement propagée via les réseaux sociaux, fédérant des collectifs citoyens, des mouvements écologistes et de nombreux particuliers préoccupés par l’évolution de la législation sur les produits phytosanitaires. Huit jours seulement après avoir atteint le premier million, le compteur affichait déjà deux millions de soutiens.

Ce mode d’expression directe illustre toute l’importance accordée par une partie de la population au débat environnemental. L’objectif était clair : interpeller les responsables politiques avant la promulgation définitive du texte et sensibiliser l’opinion aux risques présumés liés à la réautorisation de certains pesticides controversés.

Les enjeux de la loi Duplomb

La loi Duplomb, adoptée à l’Assemblée nationale le 8 juillet, prévoit de permettre l’utilisation sous conditions strictes d’un produit issu de la famille des néonicotinoïdes, l’acétamipride, dont l’usage avait été suspendu en France sept ans plus tôt. Selon ses défenseurs, cette démarche vise à répondre aux difficultés rencontrées dans certaines filières agricoles soumises à la pression de parasites résistants.

De leur côté, associations environnementales et scientifiques alertent sur l’impact possible de ces substances sur la biodiversité, notamment les insectes pollinisateurs. Le contexte réglementaire européen ajoute une dimension supplémentaire : la France avait choisi dès 2018 d’appliquer des normes agricoles plus restrictives que celles imposées par Bruxelles.

Chronologie de la mobilisation et campagnes associées

Propagation rapide de la pétition

Dès son lancement, la pétition a bénéficié du relais massif d’influenceurs et de figures publiques engagées sur la thématique écologique. Des manifestations ont également été organisées devant l’Assemblée nationale ainsi que dans plusieurs grandes villes, renforçant encore la visibilité médiatique de cette contestation.

En huit jours, la pétition a doublé son nombre de signataires, passant d’un à deux millions. Ce rythme témoigne d’une capacité de mobilisation citoyenne rarement observée autour de textes législatifs techniques. Plusieurs organisations professionnelles agricoles ont exprimé leur propre position afin de proposer des alternatives ou d’appeler au dialogue autour de l’abrogation de la loi.

Mobilisation multi-acteurs et soutien institutionnel

Outre les initiatives citoyennes, des ONG, chercheurs indépendants et syndicats se sont saisis du sujet. Certains parlementaires ont relayé les préoccupations lors des débats, tandis que plusieurs élus locaux ont proposé des vœux symboliques dans leurs conseils municipaux, illustrant une forte implication institutionnelle autour de la loi Duplomb.

Face à cet engouement, la présidence de la République a préféré temporiser, choisissant d’attendre l’avis du Conseil constitutionnel sur la conformité de la loi avant de se prononcer officiellement. Les porte-paroles gouvernementaux rappellent l’écoute de la société mais insistent aussi sur les impératifs de souveraineté alimentaire et de maintien des normes agricoles.

Quelles suites institutionnelles après un tel succès ?

Au-delà de la simple démonstration numérique, le dépassement du seuil des deux millions de signatures oblige les autorités à traiter formellement cette contribution citoyenne. Selon la procédure en vigueur, une telle pétition doit être examinée par la Commission compétente à l’Assemblée nationale, qui peut proposer une audition publique ou inviter à débattre des modifications éventuelles du texte bientôt promulgué.

Plusieurs scénarios restent envisageables : suspension de certains articles de la loi, vote d’un moratoire, création d’un groupe de travail chargé de nouvelles réglementations adaptées. Les procédures classiques ne prévoient pas l’organisation automatique d’un référendum, mais l’ampleur inédite de la mobilisation citoyenne pourrait encourager l’émergence de nouveaux outils d’association du public aux processus décisionnels, notamment sur des sujets comme les méga-bassines ou la gestion des pesticides.

Principaux points de crispation autour de la loi Duplomb

  • Risques pour l’environnement et la biodiversité liés à la réautorisation de l’acétamipride
  • Défenses avancées par certaines filières agricoles justifiant temporairement le recours à ce pesticide
  • Débat sur la transparence scientifique des autorisations délivrées
  • Question du respect des engagements internationaux pris par la France en matière de réduction des produits phytosanitaires

De nombreuses voix réclament une clarification des évaluations toxicologiques menées sur ce type de molécules, insistant sur la nécessité d’études véritablement indépendantes. Certaines parties prenantes souhaitent aussi renforcer la traçabilité et le contrôle des usages effectifs en agriculture conventionnelle comme biologique.

Parallèlement, une partie de la classe politique souhaite éviter toute stigmatisation excessive du monde agricole, considérant qu’une transition progressive est indispensable pour garantir l’efficacité économique sans sacrifier les progrès environnementaux recherchés.

Perspectives et attentes autour de la réponse institutionnelle

À ce stade, la réaction officielle des décideurs s’oriente vers un traitement accéléré de la pétition et une concertation élargie avec toutes les parties concernées. Parmi les leviers évoqués figurent la possibilité d’amender certains dispositifs et de renforcer les garanties de suivi sanitaire post-application.

Les prochaines étapes devraient inclure l’organisation de séances d’auditions publiques à l’Assemblée, l’analyse détaillée des arguments citoyens et la prise en compte d’éventuels recours devant les instances juridiques compétentes. Reste à voir si cet élan collectif influencera durablement la manière dont seront élaborées les politiques publiques agricoles à venir.

Date clé Événement associé
8 juillet 2025 Adoption de la loi Duplomb à l’Assemblée nationale
20 juillet 2025 Pétition atteint 1 million de signatures
28 juillet 2025 Pétition franchit la barre des 2 millions

 

Sources

  • https://www.rtl.fr/actu/politique/loi-duplomb-la-petition-passe-la-barre-des-2-millions-de-signatures-7900526383
  • https://lareleveetlapeste.fr/2-millions-de-signatures-contre-la-loi-duplomb/
  • https://www.francebleu.fr/infos/agriculture-peche/pesticides-la-petition-contre-la-loi-duplomb-franchit-la-barre-des-deux-millions-de-signatures-9286180
  • https://www.lafranceagricole.fr/loi-duplomb/article/885836/la-petition-contre-la-loi-duplomb-franchit-les-deux-millions-de-signatures

Résumer ou partager cet article

Laissez le premier commentaire

Recevez nos articles et conseils directement par email